Interview d’une experte : Pourquoi faut-il prendre une allergie au sérieux ? Quels conseils et technologies pour aider les allergiques ?
Au printemps, des millions de pollens flottent à nouveau dans l’air, affectant la qualité de vie de nombreuses personnes. Mais les acariens, les animaux domestiques, les moisissures et les plantes d’intérieur sont autant d’autres allergènes potentiels susceptibles de toucher notre vie quotidienne à la maison. Roxane Guillod, responsable suppléante services spécialisés chez aha! Centre d’Allergie Suisse, revient sur les symptômes physiques et l’évolution des allergies ces dernières années et évoque les conseils et technologies qui peuvent s’avérer utiles.
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Madame Roxane Guillod-Magnin
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Madame Guillod, 3 millions de personnes en Suisse souffrent d’allergies ou d’intolérances. Ce sont près de 35 %, soit une personne sur trois. Que se passe-t-il précisément dans l’organisme de ces personnes ?
L’allergie est une réaction de défense de l’organisme face à des protéines végétales ou animales a priori inoffensives : les allergènes. Le système immunitaire considère ces derniers comme dangereux et produit des anticorps IgE ; par la suite, de l’histamine est libérée, une substance qui a pour effet de dilater les vaisseaux et de les rendre plus perméables. C’est cela qui provoque les symptômes de l’allergie, tels qu’une conjonctivite, des éternuements ou encore un nez bouché ou qui coule.
C’est différent pour les intolérances : dans le cas d’une intolérance alimentaire, l’organisme a totalement ou partiellement perdu la capacité de digérer une certaine substance, ou bien il n’a jamais eu cette capacité. L’organisme ne produit alors pas d’anticorps IgE mais réagit immédiatement après la consommation par des troubles, surtout au niveau du système digestif parce qu’il ne tolère pas certaines substances.
Une allergie peut-elle apparaître du jour ou lendemain ? Même si la personne n’a jamais eu le moindre symptôme auparavant ?
Personne n’est à l’abri d’une allergie. Elle peut survenir pour la première fois à tout moment, de la petite enfance jusqu’à un âge très avancé.
La fréquence des maladies allergiques a-t-elle augmenté au fil des ans dans les pays industrialisés ?
D’une manière générale, les allergies ont considérablement augmenté au cours des dernières décennies. En Suisse, la prévalence de l’allergie au pollen est ainsi passé de moins de 1 % au début du XXe siècle à 20 %.
Comment expliquer cette hausse ?
Les raisons sont multiples, et nous ne connaissons pas encore tous les tenants et aboutissants. La pollution de l’air joue un rôle ; selon certaines études, les plantes produisent davantage d’allergènes dans les zones polluées. De plus, les polluants atmosphériques rendent les pollens plus agressifs. L’hygiène a aussi son rôle à jouer : un excès d’hygiène affaiblit notre système immunitaire.
Quand on parle d’allergies, on pense généralement en premier lieu à l’allergie au pollen. Est-ce l’allergie la plus répandue ?
L’allergie au pollen est effectivement la plus fréquente : en Suisse, elle touche une personne sur cinq. Si vous réagissez au pollen de noisetier, vous pouvez ressentir une gêne dès le mois de janvier. Et comme les graminées auxquelles la plupart des personnes qui souffrent d’un rhume des foins sont allergiques fleurissent jusque tard dans l’été, la saison des pollens est vraiment longue.
Et quelles sont les allergies dont la saison dure toute l’année ?
Les personnes allergiques aux acariens, soit plus de 6 % de la population suisse, réagissent toute l’année à ces minuscules arachnides. Il en va de même pour les réactions aux animaux ou à la moisissure. Et la saison des allergies alimentaires, médicamenteuses ou aux venins d’insectes dure évidemment aussi toute l’année.
Comment savoir à quoi on est précisément allergique ?
Les symptômes varient en fonction de l’allergie : Les allergies respiratoires telles que celles au pollen ou aux acariens sont associées à un nez bouché ou qui coule, à une difficulté à respirer par le nez, aux yeux qui pleurent et démangent, à des démangeaisons du palais, du nez ou des oreilles, ou encore à la toux. Dans le cas de l’asthme allergique, on peut entendre un sifflement à l’expiration, la respiration devient haletante et difficile, le souffle est court, une sensation d’oppression est ressentie dans la poitrine et une toux sèche s’installe.
Le moment auquel surviennent les symptômes est également révélateur : s’ils se manifestent toujours à la même saison, il y a de fortes chances qu’il s’agisse d’une allergie au pollen.
Pourquoi est-il important de prendre l’allergie au sérieux et d’agir concrètement ?
Une allergie respiratoire non traitée pendant une période prolongée peut évoluer vers un asthme allergique: c’est le changement d’étage. Les principaux déclencheurs de l’asthme sont les allergènes liés aux pollens, aux acariens, aux animaux à poils et aux moisissures.
Si je sais à quoi je suis allergique, qu’est-ce que je peux faire chez moi pour réduire les symptômes et limiter le plus possible la présence d’allergènes ?
S’il s’agit d’une allergie au pollen, il vaut mieux aérer seulement brièvement les pièces et se laver les cheveux avant le coucher. Dans le cas d’une allergie aux acariens, il est recommandé de faire le ménage régulièrement, de passer l’aspirateur, un chiffon humide sur les meubles et la serpillère une à deux fois par semaine. Les filtres à air permettent aussi de réduire la concentration d’allergènes. Très important : une allergie doit toujours être diagnostiquée par l’allergologue, qui prescrira aussi la thérapie adaptée.
Pourquoi est-il si important que l’aspirateur ou le purificateur d’air soient équipés d’un système avancé de filtration HEPA ?
Les personnes souffrant d’une allergie respiratoire ont tout intérêt à avoir un aspirateur et un purificateur d’air dotés d’un bon filtre, de type HEPA. Ces filtres sont si fins qu’ils retiennent les allergènes.
Quels conseils donner aux personnes qui se rendent compte qu’elles sont allergiques à leur animal de compagnie ?
Dans le cas d’une allergie aux animaux, la mesure la plus efficace consiste à éviter tout contact avec eux. A minima, il faut se laver les mains après avoir caressé ou nourri l’animal. Faire le ménage à fond, passer soigneusement l’aspirateur et utiliser un filtre à air sont autant d’actions permettant de réduire encore davantage la concentration des allergènes dus aux animaux. À la rigueur, on peut aussi atténuer les symptômes à l’aide de médicaments appelés antihistaminiques, disponibles sous forme de comprimés, de gouttes ophtalmiques ou de spray nasal. Dans les cas les plus sévères, il sera en revanche nécessaire de trouver un autre foyer pour l’animal de compagnie.
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